Dans nos têtes au moment de lancer Zéro Édition

Un mot sur l’aventure Zéro Édition et son origine. Un constat simple à dresser assorti d’une audace qui devrait être commune.


Il y a environ 6 mois, quelques amis et moi-même, avons décidé de lancer une nouvelle maison d’édition. Une de plus ; mais pas encore une. Ce projet, désormais public, ne s’appelle pas Zéro Édition par hasard. C’est une remise à plat du monde éditorial. La célèbre chanson communiste dit « du passé faisons table rase ! » et nous disons « du présent faisons table rase ! ». L’édition française – peut-être mondiale – souffre depuis un certain nombre d’années d’une carence de littérature. Presque rien n’y est littéraire, tout n’est plus que moral, politique, ressourçant, rafraichissant, les lecteurs veulent poser le cerveau comme ils le disent si bien. C’est une formidable erreur, notre cervelle passe son temps dans l’atrophie intellectuelle et esthétique la plus absolue. Plus rien – ou quasi rien – ne vient éveiller notre appétit de contemplation. La querelle permanente autour de l’objet art est incessante, d’aucuns accusent les œuvres d’être réactionnaires ou problématiques ; les autres d’être woke et de la propagande mondialiste. En revanche, tout le monde se refuse à entrer en dissidence pour parler de l’objet art en tant qu’élément esthétique, en tant que substrat de l’âme d’une personne. Nous avons tort de considérer que ce n’est qu’une passade, que la barre se redressera d’elle-même : il faut multiplier les initiatives personnelles ou collectives pour redonner à nos vies les couleurs que les productions Netflix, les chansons de Taylor Swift et les romances feel-good ont ternies. Il y avait auparavant TF1 et sa fameuse commercialisation du temps de cerveau, la forme est différente, mais la finalité subsiste.

À l’aune de ce monde naissant – celui de la médiocrité permanente – les éditeurs se sont vites adaptés, et malgré un petit archipel d’îlots de résistance dans quelques nobles maisons, plus rien n’est édité sans prendre en compte des choses grossières comme la rentabilité ou la facilité de lecture. Une somme de vulgarité qui culmine dans la mode des livres d’hommes politiques insignifiants, d’influenceurs ridicules, et de polémistes ineptes à la pensée aussi rafraichissante qu’une gorgée de white spirit. Mike Kasprzak s’amusait souvent à nous dire, sur le ton de l’humour, que nous devrions renverser la table. Que dans les méandres des recoins de France se cachaient encore des auteurs avec des choses à dire, avec des styles élégants ou audacieux et surtout un appétit d’écrire pour donner au beau mot de littérature sa définition première. Il fallait mettre un coup de poing dans ce nid de guêpes ! Au diable l’argent ! Les auteurs auront toute la plus-value car ils sont les seuls à vraiment créer de la valeur. Disons-le, le simple fait d’intégrer une notion comme le profit dans la publication d’un livre est une hérésie. Il est étrange que ce constat ne soit pas universellement partagé. Nous ajoutons que les grandes maisons effectuent encore le travail de communication car elles en ont les moyens et les relais médiatiques disponibles pour promouvoir les auteurs, mais les petites ne le font plus ou à peine. En outre, beaucoup de « maisons d’édition » sont, en réalité, des imprimeurs déguisés et ne lisent même pas les manuscrits qu’ils éditent ; ces entreprises qui publient à foison des livres dans un catalogue qui mêlent le bon à l’épouvantable, sans que le lecteur puisse discerner l’un de l’autre. Tout cela dresse un constat bien fade d’un art qui souffre déjà en raison de la surcharge de divertissements imbéciles qui encombrent les cerveaux des pauvres gens ; ne laissant pas de place à la lecture.

Ainsi Zéro Édition tentera d’envoyer une allumette dans le cœur d’un volcan endormi pour y déclencher l’éruption dont notre art à tant besoin. Si les auteurs doivent se retrousser les manches pour le faire, alors allons-y et adressons toutes nos prières à la bonne fortune pour que le succès soit total.

Et surtout lisez ! Lisez partout ! Dans la file d’attente de la CAF ! Sur les chiottes !  Dans la ligne 13 en heure de pointe ! À chaque fois que l’occasion se présente. Cela permettra de nous reconnaitre entre nous.

La littérature est morte, vive la Littérature !


3 réponses à “Dans nos têtes au moment de lancer Zéro Édition”

  1. Avatar de 3e Gaou
    3e Gaou

    Belle initiative, je suis de tout coeur avec vous.

  2. Avatar de Ergastule
    Ergastule

    Très bonne idée, je vous soutiens. Vous avez une page de dons ?

    1. Avatar de edouard_essig

      Bonjour Ergastule !

      Pour le moment rien en ce sens, cependant, attendez et alors vous verrez !

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